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Yue Minjun voit le jour en 1962 à Daqing, dans la province de Heilongjiang en Chine. Il peint d'abord en amateur, avant de partir étudier l’art en 1985 à l'école normale de la province du Hebei d'où il sortira diplômé. C'est dans la communauté d'artistes du village du Yuanmingyuan, près de Pékin, au début des années 1990, qu'il commence à définir son style ainsi que les contours de son principal sujet : le rire. Il vit aujourd'hui à Beijing, en Chine, et est fameux pour ses représentations qui mettent en scène ses propres caricatures où il arbore un rictus des plus désopilants. Yue Minjun réalise essentiellement ses peintures à l'huile. Le thème humoristique de son oeuvre s'inspire incontestablement de chefs-d'oeuvre de la peinture européenne. Comme dans les coups de pinceau de Velazquez et de Goya, on retrouve ce désir de mettre en évidence la détresse contemporaine ainsi que la décadence d'une rare brutalité de notre société. Ses toiles montrent une affinité certaine avec les principes de la caricature, parfois ceux de l'esthétique pop et de l'illustration, dans des représentations hilarantes et burlesques où dominent les couleurs vives. Les peintures de Yue Minjun suscitent toujours au premier regard une certaine sympathie. Le théoricien Li Xianting se plaît d'ailleurs à décrire les autoportraits de Yue Minjun comme « une réaction auto-ironique au vide spirituel et la folie des temps modernes Chine. » Ses dessins rappellent la face riante du Bouddha, avec quelque chose du sourire édenté d'Alfred E. Newman. Le peintre Yue Minjun réussit donc savamment à transposer l'aura auguste de l'histoire de l'art à travers une adaptation humoristique de l'esthétique pop. Pour cela, il n'hésite pas à recourir aux mimiques parfois excessives de la caricature ainsi qu'au résultat stylistique de la représentation graphique. Dans son projet de clonage artistique, Yue trouve un malin plaisir à déformer ses expressions, à les rendre saugrenues. Certaines de ces oeuvres dépeignent alors des personnages arborant une peau d'un rose vif surréaliste, laquelle souligne la portée philosophique de son message sur la gaieté. Ses toiles lui valurent d'être classé dans le courant artistique chinois du réalisme cynique, une reconnaissance que Yue Minjun ne reconnait guère. L'artiste avoue cependant bien volontairement « le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a une grande importance pour ma génération. » Sa peinture de 1995 intitulée "Execution" est l'une des plus chères dans l'histoire du marché de la vente d'objets d'art chinois. Elle a été adjugée en 2007 pour la somme de 2 932 500 livres (3,7 millions d'euros) chez Sotheby's, à Londres. Sa collaboration lors de la 48ème biennale de Venise en 1999 le rend célèbre et lui ouvre les portes du marché international de l'art. Il accroit sa renommée grâce à des expositions lors de la 5ème Biennale de Shanghai, au musée d'Art de Berne, au Denver Art Museum aux Etats-Unis, au musée Beelden Zee aux Pays-Bas ou encore à l'Indonesia National Gallery de Jakarta. Du 14 novembre 2012 au 17 mars 2013, il se découvre à la Fondation Cartier à Paris dans une exposition intitulée "Yue Minjun, l'ombre du fou-rire".